Sombre, intrigant et addictif.
L’artiste la plus en vogue du moment, Kim Lord, décide de proposer une exposition folle et engagée : sous le doux nom de “Nature Morte”, il s’agit ni plus ni moins d’une représentation de différents crimes célèbres, perpétrés contre des femmes et pour la plupart d’une violence inouïe, à travers une série d’autoportraits. Lors du vernissage de l’exposition, alors qu'elle est attendue par une foule de personnes, Kim demeure pourtant introuvable et injoignable. Cette disparition étrange intrigue grandement la narratrice, alors employée par le musée pour la préparation de l’événement, d'autant plus que le compagnon actuel de Kim n'est autre que l'homme avec qui elle a eu une relation des années plus tôt. Notre narratrice se retrouve alors à mener sa petite enquête, bien malgré elle, sans se douter le moins du monde de la noirceur de l’âme humaine, dans laquelle elle va se plonger progressivement.
Une lecture captivante et aux thématiques d’actualité, où les indices sont délivrés discrètement aux yeux attentifs des lecteurs.
On commence bien l’année, avec un coup de cœur explosif, percutant, réfléchi et terriblement addictif.
Par ennui, deux jeunes enfants vont un jour lancer une pierre du haut d’un pont et malheureusement provoquer un accident en contrebas, qui entraîne la mort d'une jeune femme. Des années plus tard, c’est tout un panel de personnages que l’on retrouve et qui gravite autour de ce drame ; le père de la défunte qui renoue avec le rêve de celle-ci, un homme étrange qui trempe dans des affaires sombres, l’ex belle-sœur du coupable désireuse d'animer des ateliers d'écriture et le coupable lui-même, envahi par des remords qui le font progressivement sombrer. Chacun est tiraillé par ses démons et chacun tente de lutter à sa façon pour remonter à la surface, avec plus ou moins de succès.
Le gros point fort de ce roman, c'est justement sa capacité à dépeindre des personnages à la psychologie cohérente, construite avec soin. Les thématiques et les émotions sont traitées avec un réalisme irréprochable et il est facile de s'identifier aux différents personnages voire, tout du moins, de mieux les comprendre (eux et leurs choix). Et que dire du rythme des chapitres, de l’histoire elle-même, qui nous embarquent quasi immédiatement, qui nous tiennent en haleine de bout en bout, avec une question précise en tête : comment toute cette histoire va-t-elle littéralement exploser ? À dévorer de toute urgence.
« La Promesse », c’est avant tout une histoire rocambolesque et inimaginable, le récit de vie du père de l’autrice elle-même, longtemps recouverte par un voile de silence. Marie de Lattre, à la mort de son paternel, hérite d’une correspondance bien étrange et découvre par la même occasion, une étoile jaune, cachée dans les tiroirs de celui-ci. Au-delà de l’incompréhension générale qui la saisit devant ces objets, c’est avant tout l’occasion pour elle de constater que sa famille et les membres qui la constituent, sont un véritable mystère. Les lettres, qu’elle a récupérées et qu’elle lit une à une, lui permettent ainsi de se lancer, à corps perdu, sur les traces d’une histoire de famille et d’amour, où la grande Histoire est malheureusement parvenue à tout faire basculer.
Sans verser dans les atermoiements et avec une plume proche des écrits journalistiques, l’autrice nous dévoile une part de son intimité, avec autant de douceur que de franchise. Un récit de vie émouvant, profondément humain, dont on ne ressort pas indemne.
“Les derniers géants” nous raconte l’histoire de Rich et de ses espoirs, vis-à-vis de sa propre réussite comme de la prospérité de sa famille. Comme la plupart de ses ancêtres, Rich est bûcheron. Mais surtout, Rich est en adoration devant un arbre, le plus grand de toute la forêt, que son père et son grand-père avant lui convoitaient déjà, du fait de la qualité du bois qu’il serait possible d’obtenir. Aussi, lorsque l’occasion se présente d’acheter la parcelle comportant l’arbre en question, il n’hésite plus et emprunte une somme astronomique, dans le dos de sa femme. Rien ne va pourtant se passer comme prévu ; très rapidement, on se met à observer un nombre important de malformations congénitales, de fausses couches dans la région. On suspecte alors les nombreux pesticides, déversés quotidiennement sur la forêt, d’être les responsables de cet hécatombe. Et la première personne qui se dresse pour contester cette injustice n’est autre que Colleen, la femme de Rich, attirant sur le couple les foudres de certains individus.
Un très bon roman, bien rythmé malgré les nombreux chapitres, qui permet à la tension de s’installer progressivement. Profondément engagé au niveau des thématiques, on retrouve sans surprise celle de la lutte contre l’utilisation massive d’agents chimiques à l’égard de la nature. Mais au-delà de ça, c’est avant tout le genre d’ouvrages plaisants à lire, où les indices sont donnés progressivement, où les éléments s’imbriquent logiquement de façon satisfaisante. Un coup de cœur.
Un roman léger et intelligent de la rentrée littéraire
“Le relais des amis” est un livre étrange et fantastique à la fois. Mais c’est aussi et surtout le nom d’un café, celui dans lequel on ne reste pas trop longtemps car, rapidement, notre aventure commence. Le narrateur semble alors nous prendre littéralement par la main et nous guider, d’un chapitre à l’autre, au travers d’un tour du monde bien particulier. En effet, à la manière d’un esprit, le lecteur est invité à approcher différentes personnalités, différents récits de vie, pour les observer quelques instants avant de reprendre le voyage.
Un roman qui a le mérite de non seulement posséder en lui ce petit côté rafraîchissant, intelligent et léger mais surtout, qui a le mérite de nous offrir un voyage géographique et humain. Idéal pour faire une pause entre deux lectures "prise de tête" ou aux thématiques difficiles, histoire de reprendre son souffle.
Titre miroir : Au prochain arrêt de Hiro Arikawa (qui est absolument génial)